Il y avait dans ce temps-là de grands hivers, de brûlants étés. J’ai connu, depuis, des étés dont la couleur, si je ferme les yeux, est celle de la terre ocreuse, fendillée entre les tiges du blé et sous la géante ombelle du panais sauvage, celle de la mer grise ou bleue. Mais aucun été, sauf ceux de mon enfance, ne commémore le géranium écarlate et la hampe enflammée des digitales. Aucun hiver n’est plus d’un blanc pur à la base d’un ciel bourré de nues ardoisées, qui présageaient une tempête de flocons plus épais, puis un dégel illuminé de mille gouttes d’eau et de bourgeons lancéolés… Ce ciel pesait sur le toit chargé de neige des greniers à fourrages, le noyer nu, la girouette, et pliait les oreilles des chattes… La calme et verticale chute de neige devenait oblique, un faible ronflement de mer lointaine se levait sur ma tête encapuchonnée, tandis que j’arpentais le jardin, happant la neige volante…
Avertie par ses antennes, ma mère s’avançait sur la terrasse, goûtait le temps, me jetait un cri :
– La bourrasque d’Ouest ! Cours ! Ferme les lucarnes du grenier !… La porte de la remise aux voitures !… Et la fenêtre de la chambre du fond !
Mousse exalté du navire natal, je m’élançais, claquant des sabots, enthousiasmée si, du fond de la mêlée blanche et bleu noir, sifflante, un vif éclair, un bref roulement de foudre, enfants d’Ouest et de Février, comblaient tous deux un des abîmes du ciel… Je tâchais de trembler, de croire à la fin du monde.
Mais dans le pire du fracas ma mère, l’oeil sur une grosse loupe cerclée de cuivre, s’émerveillait, comptant les cristaux ramifiés d’une poignée de neige qu’elle venait de cueillir aux mains même de l’Ouest rué sur notre jardin…
« Viril », c’est un mot qu’on utilise en français, et qui nous vient du latin virilis « d’homme, de mâle ; fort, vigoureux », dérivé de vir (CNRTL). Virago, c’est un nom qu’on utilise pour désigner une femme qui a « des allures d’hommes ». Au-delà du jugement de valeur, il y a une volonté à travers les écrits sur les virago de parler des femmes héroïques au même titre que des hommes héroïques, et ça, ça change !
Virago, c’est aussi le nom qu’a choisi Aude Gogny-Goubert pour sa chaîne Youtube sur les femmes importantes de l’histoire mondiale.
Aude « GG » est connue pour ses talents de comédienne – pour moi, notamment dans ce sketch de Studio Bagel. Dans chaque vidéo (sous-titrée en français mais aussi en anglais), elle joue son propre rôle et celui d’une autre femme historique. Les deux personnages ont une conversation.
Les deux niveaux de sous-titrage, c’est un vrai plus pour les différents niveaux de nos étudiant.e.s 🙂
Repérez l’utilisation du présent historique, du passé composé et de l’imparfait dans ces vidéos !
Le premier épisode porte sur Olympe de Gouges, un symbole pour le féminisme français, puisqu’elle a rédigé La Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne en réponse à la version très masculine Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Elle dénonce la conditions des femmes et se bat pour l’abolition de l’esclavage, ce qui semble impensable à son époque !
Pour continuer à visionner les épisodes, cliquez ici ! 🙂
Connaissez-vous d’autres femmes importantes oubliées par l’histoire ?
Il peut être nécessaire, avant toute chose, de bien faire la différence entre les trois temps que nous allons travailler à l’oral. Le présent, le passé composé et l’imparfait sont en effet régulièrement difficile à comprendre et à prononcer pour les étudiant.e.s. Le plus difficile est probablement de bien catégoriser le e muet du e accent aigu et du e accent grave. Je fais régulièrement une petite liste de vocabulaire, dont les trois colonnes représentent les trois sons. La classe remplit ce tableau, et répète librement pour essayer d’affiner l’écoute et la prononciation.
Ensuite, j’ai découvert trois très bons exercices que j’aimerais garder sous la main (mes sources : Podcastfrançaisfacile et Le point du FLE) :
Un premier pour simplement écouter (très bien pour leur faire répéter)
Un deuxième pour leur faire entendre la différence entre les trois temps (plus actif car ils/elles doivent cocher la bonne réponse)
Un troisième sur le même modèle qui cette fois propose de faire entendre la différence entre passé composé et imparfait (je choisis donc d’aller du plus général au plus précis)
Production écrite / orale
Objectifs : réinvestir les trois temps, en dire plus sur soi ou sur quelqu’un (présentation), mieux se connaître entre camarades, raconter une histoire, introduire la différence p.c / imparfait
Leur faire apporter une ou plusieurs vieille photo (le principe est que la photo représente le passé, et, comme on le sait, retourner dans le passé peut être une expérience traumatisante pour certain.e.s apprenant.e.s donc cela peut être la photo d’une autre personne de la famille, ou d’une célébrité, si c’est plus simple que d’apporter une photo d’elles/eux)
Leur proposer (éventuellement sans introduire la différence entre les deux temps du passé pour une approche inductive), de répondre à trois catégories de questions à propos d’une des photos (soit la leur, soit celle d’un.e camarade, si vous décidez de mélanger les photos !) :
Décrivez la personne sur cette photo à l’imparfait. Qu’avait-elle l’habitude de faire ? Qu’est-ce qu’elle aimait ? Comment étaient ses parents, sa maison, son entourage ?
Que s’est-il passé plus tard dans la vie de cette personne ? Citez des événements marquants au passé composé.
Comment est cette personne aujourd’hui ? Comment est-elle physiquement ? Qu’est-ce qu’elle aime faire aujourd’hui ? Quel est son métier, son âge, ses principaux traits de caractère ?
Il est possible de faire deviner à ses camarades qui est sur chaque photo en répondant en question en utilisant des pronomons (cela permet d’ailleurs d’avoir des étudiants bien plus attentifs !).
Production écrite / orale
Objectifs : apprendre à associer les indicateurs temporels aux temps du passé, systématiser la différence entre les temps du passé dans le cas des habitudes dans le passé et d’une action ponctuelle qui vient rythmer le récit
Un des meilleurs moyens de comprendre quand utiliser le p.c et quand utiliser l’imparfait et d’associer chacun des temps à des indicateurs temporels. Après les avoir présentés, on peut systématiser leur utilisation en proposant un exercice sur les inventions : pour parler de nos habitudes avant une invention qui a révolutionné notre vie, on va utiliser l’imparfait ; pour parler de l’invention qui a changé notre vie, on va utiliser le passé composé. Voici donc une idée d’un exercice possible (inspiré du jeu Timeline) :
En 1454, Gutenberg (inventer) l’imprimerie. Avant, on (écrire) à la main sur du parchemin. Autrefois, on (téléphoner) depuis des cabines téléphoniques. Puis, dans les années 70, Martin Cooper (créer) le téléphone portable.
L’Europe (mettre en place) l’Euro en 2001 ; avant, on (payer) en francs en France, en marks en Allemagne, et en pesetas en Espagne. Pendant longtemps, on (regarder) les films en noir et blanc : et puis John Logie Baird (inventer) la télévision en couleur.
Le GPS (apparaître) dans les voitures dans les années 1990 ; d’habitude, avant, on (utiliser) des cartes. Autrefois, tous les jours, les Français (manger) un pain rond. Puis, un jour, Napoléon 1er (demander) aux boulangers parisiens de créer « la baguette ». (c’est une légende) En 1982, Sony et Philips (lancer) le CD. Mais, des années 1940 aux années 1970, on (écouter) toujours des disques vinyles.
J’espère que cela vous plaira ! Bon courage à tou.te.s pendant cette période de confinement ! Je suis moi-même très touché par les restrictions actuelles. Rester enfermé est un grand problème pour moi, tout comme être loin des gens que j’aime et dont j’ai besoin pour vivre. Je reste à l’écoute et disponible pour toute personne ayant besoin de partager son ressenti sur la situation actuelle.
Quelle trace laisserons-nous ? s’interroge le youtubeur Léo Grasset, dans cette vidéo de la chaîne DirtyBiology, que j’ai déjà recommandée dans un aticle sur les vidéos en français à regarder au petit-déjeuner.
Voici un gros coup de coeur. 15 minutes consacrées à l’entropie, dans un décor unique : le Myanmar. La vidéo est sous-titrée et peut amener à de belles réflexions en classe. Avec ce petit article, je reviens au format d’origine du blog : publier une ressource par jour à utiliser en classe ou à recommander aux élèves, juste pour le plaisir.
Autrefois, pour faire sa cour,
On parlait d’amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son cœur
Maintenant c’est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l’oreille
– Ah, Gudule! Viens m’embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixaire
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelles à gâteaux
Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux
Autrefois, s’il arrivait
Que l’on se querelle
L’air lugubre on s’en allait
En laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit : « Rentre chez ta mère ! »
Et l’on se garde tout
– Ah, Gudule! Excuse-toi
Ou je reprends tout ça
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous
La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture
Et si la belle
Se montre encore rebelle
On la fiche dehors
Pour confier son sort
Au frigidaire
A l’efface-poussière
A la cuisinière
Au lit qu’est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
A l’éventre-tomates
A l’écorche-poulet
Mais très très vite
On reçoit la visite
D’une tendre petite
Qui vous offre son cœur
Alors on cède
Car il faut qu’on s’entraide
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois
Si j’avais le cœur dur comme de la pierre
J’embrasserais tous les garçons de la Terre
Mais moi j’ai le cœur comme du chewing-gum
Tu me goûtes et je te colle
Une moustache, de la classe et du panache
Une peau de vache, taillée à la hache
Un petit cul, un gros, un chevelu
Un mal rasé, un maudit, un paumé
Irrésistiblement amoureux c’est emmerdant
Un androgyne, un amant, un James Dean
Une belle bagnole, des poils sur les guiboles
Une arlésienne, des tonnes de « je t’aime »
Un beau salaud, le roi du rodéo
Rouler des pelles à tir larigot
Mon coeur d’artichaut me laisserait sur le carreau
Les garçons sont trop beaux
L’amour dans les draps et les weekends chez toi
Ces gardes partagées, pour un amour en danger
Au sommet de la colline, ton regard me fascine
Quand tu partais des mois, j’avais le mal de toi
Reviens-moi, entier, vivant
Rappelle-moi, ce soir, tout l’temps
Visitons la ville, de nuit, de jour
Naviguons facile, maintenant, pour toujours
Dans ces moments-là je… dans ces moments-là je ne sais pas
Je crois que s’aimer ne… je crois que s’aimer ne suffit pas
J’avais gravé ton nom
Sur un arbre, sur une table
J’en oubliais mes leçons, mes poésies, mes fables
Pour l’absence d’un jour
La raison est malade
Il me semble que l’amour soit une raison passable
Dans ces moments-là je… dans ces moments-là je ne sais pas
Je crois que s’aimer ne… je crois que s’aimer ne suffit pas
Je me souviens de toi
Ce regard, ne pars pas
Tes souvenirs, j’en ai des tonnes
Sous les tables, nos chewing-gums
Dans ces moments-là je… dans ces moments-là je ne sais pas
Je crois que s’aimer ne… je crois que s’aimer ne suffit pas
Lomepal (artiste parisien) a sorti un nouveau clip la semaine dernière ! Parfait pour découvrir le vocabulaire de la rupture amoureuse et du drame, et aussi bon prétexte pour découvrir la « vraie prononciation des français ».
Oui, je suis sûr que vous avez remarqué (fait attention, entendu) que les français ne disent pas souvent le « ne » de la négation, ou ne disent pas le « e » de « je » ou « de ».
À la place de « je ne sais pas », on dit « ch’sais pas »
Pour vous donner un exemple, voici comment Lomepal mange les « e » (c’est délicieux, les e). J’ai mis les passages en bleu :
J’avais jamais vu de nuit aussi calme, hey J’la r’garde enchaîner les cigarettes, hey Ses larmes coulent en silence, on entend toujours les cigales
On se blesserait même avec zéro mot, pourtant aucun mur sur cette terre
Ne pourrait étouffer le cri de nos phéromones, on risque pas de tenir longtemps
Tu m’as même comparé à Lucifer, maintenant, tu bois et tu veux bien de moi
Nan, mais j’hallucine hein, je sais déjà c’que la distance entraîne
Soit c’est la guerre pendant dix ans sans trêve, soit j’la quitte en lui disant
Garde le sourire, plus rien n’est grave
Tant qu’il nous reste une seconde de souv’nir dans le crâne
Nos deux corps pourraient mourir, j’ai déjà fait le deuil
Maintenant pars loin de moi, une larme cachée dans l’œil
Notre histoire n’aurait jamais pu finir dans le calme et la tendresse Je te déteste comme cette phrase qui dit : « C’était trop beau pour être vrai »
Je n’avouerai jamais que certaines de mes propres émotions m’effraient
Je te déteste comme cette phrase qui dit : « C’était trop beau pour être vrai »
Bébé, serre-moi fort que j’oublie qu’c’est le chaos, autour, c’est le chaos
Regarde-nous, le destin a pas honte, les dieux ont pas honte
J’ai tout foiré cette année, c’est toujours en chantier, est-c’qu’on peut rev’nir en janvier ?
Son regard me traverse le corps comme une longue aiguille, on dirait bien qu’on est cuits
Nous deux dans la même voiture, on fonce vers la mort, on s’déteste tellement qu’on refait l’amour
Parce que c’est comme de la drogue, on a d’quoi planer, sur son dos, mon torse fait de l’aquaplaning
Le problème, c’est qu’ça m’rappelle pourquoi je l’aime
Je revois le début, les premières semaines, on pourrait repartir à zéro
Et prendre le premier avion comme dans un film de merde mais c’est du délire